Mercedes-Benz 260 D Pullman Limousine 1938 : Le Diesel de Luxe Précurseur
À la fin des années 1930, Mercedes-Benz innove en proposant des véhicules de tourisme dotés de moteurs Diesel, une technologie encore balbutiante dans le domaine automobile. C’est dans ce contexte qu’apparaît la *Mercedes-Benz 260 D*, présentée comme la première voiture de série au monde animée par un moteur Diesel. Lancée initialement en 1936, cette gamme se dote par la suite de différentes carrosseries, dont la très prestigieuse Pullman Limousine. Dès lors, en 1938, ce modèle se hisse au sommet de la gamme Diesel de la marque à l’étoile, incarnant à la fois le raffinement et la robustesse, dans une époque où la motorisation Diesel est encore associée aux véhicules industriels ou commerciaux.
Sous le capot, la 260 D Pullman Limousine loge un moteur quatre cylindres en ligne Diesel de 2,6 litres, développant environ 45 chevaux. Bien qu’aujourd’hui cette puissance puisse paraître modeste, il faut se souvenir qu’elle suffit alors à déplacer élégamment une berline de belle taille. Cette solution Diesel offre un couple appréciable et une consommation relativement basse pour l’époque, permettant aux utilisateurs d’arpenter de longues distances sans fréquents ravitaillements. Un argument fort durant des années où l’économie de carburant importe, alors que le Diesel demeure encore peu répandu hors des véhicules lourds. Pour autant, la *Pullman Limousine* arbore un niveau de confort digne des grandes Mercedes : un empattement allongé, une banquette spacieuse, un habitacle cossu, et des finitions artisanales.
Sur le plan stylistique, la 260 D Pullman Limousine reprend les codes esthétiques des berlines de luxe de Mercedes, avec une calandre verticale légèrement inclinée, des phares ronds proéminents, des marchepieds latéraux, et une carrosserie arrondie reflétant le design typique de la fin des années 1930. À l’intérieur, la Pullman se veut un véritable salon roulant : sièges moelleux, boiseries en option, moquette épaisse et, bien sûr, un espace aux jambes accru grâce à l’empattement rallongé. Les passagers arrière y voyagent dans une ambiance feutrée, tandis que le conducteur profite d’une ergonomie simple, encore marquée par une instrumentation rudimentaire (mais efficace pour l’époque).
Produite à un nombre limité d’exemplaires (comparé aux versions standard), la 260 D Pullman Limousine conquiert surtout des institutions, des administrations et des personnalités souhaitant associer confort et sobriété. Elle atteste du savoir-faire de Mercedes-Benz pour marier l’innovation technologique (Diesel) au luxe. Aujourd’hui, ce modèle demeure un objet de collection rarissime, témoin d’un moment-clé de l’histoire automobile où la Dieselisation débutait timidement. Dans les sections suivantes, nous reviendrons sur les aspects techniques, le design, l’usage, ainsi que les anecdotes liées à la 260 D Pullman Limousine de 1938, véhicule emblématique d’une époque et d’une transition mécanique majeure.
Origines : Le Défi du Diesel dans une Berline de Prestige
Durant les années 1930, Mercedes-Benz brille déjà par ses modèles essence haut de gamme, ainsi que par sa maîtrise des véhicules utilitaires Diesel. L’idée de transposer le moteur Diesel dans une voiture de tourisme vient de la volonté de réduire les coûts de fonctionnement, tout en démontrant la fiabilité du Diesel sur route. En 1936, la marque lance la 260 D (type W138), considérée comme la première voiture Diesel de série. Elle reprend le châssis de la 200 (W21), mais reçoit un moteur quatre cylindres Diesel de 2,6 litres dérivé des blocs industriels.
La montée en puissance de la technologie Diesel dans le transport de marchandises et le maritime inspire les ingénieurs Mercedes. Ils y voient une opportunité de proposer une alternative moins gourmande en carburant que les modèles essence, déjà gourmands en temps de crise. Pour autant, il ne s’agit pas d’une voiture austère : la qualité Mercedes se reflète dans le confort et la finition. Le Diesel n’est alors pas réputé pour sa sportivité, mais Mercedes entend prouver qu’avec un couple correct et une conception soignée, la 260 D peut satisfaire les déplacements quotidiens dans un souci d’économie.
En 1938, la gamme s’élargit, adoptant diverses carrosseries, dont la prestigieuse *Pullman Limousine*, conçue pour le transport de hautes personnalités ou pour les administrations officielles. Il s’agit d’allonger la voiture, d’améliorer la présentation intérieure, et d’accentuer l’image noble. Cette version se veut une synthèse inédite : un Diesel dans un écrin luxueux, là où l’opinion commune réserve le Diesel aux taxis ou aux camions. Mercedes cherche ainsi à bousculer les a priori et s’imposer en pionnier. Cette ambition ne s’affirmera vraiment qu’après la Seconde Guerre mondiale, mais la 260 D Pullman Limousine de 1938 demeure l’un des symboles précoces de ce tournant.
Un Look Typique des Années 1930 et un Habitacle Spacieux
La Mercedes-Benz 260 D Pullman Limousine 1938 présente une silhouette fidèle aux canons esthétiques d’avant-guerre : une proue longue et arrondie, où la calandre verticale domine, encadrée par deux phares ronds montés sur des supports latéraux. Les ailes avant sont séparées du capot, typiques des modèles des années 1930, avec des marchepieds reliant l’aile avant et l’aile arrière. Le pare-brise légèrement incliné reflète la progression du design vers plus d’aérodynamisme, tout en restant très discret par rapport aux voitures d’après-guerre.
Dans sa version *Pullman Limousine*, l’empattement est allongé, apportant davantage d’espace intérieur, notamment pour les passagers arrière. L’habitacle est configuré pour offrir deux rangées de sièges spacieuses, parfois complétées de strapontins, permettant de transporter jusqu’à sept personnes dans certaines déclinaisons. Les garnitures peuvent inclure du cuir, des boiseries, et un tableau de bord en métal laqué, abritant des compteurs simples : jauge de carburant, compteur de vitesse, un indicateur de température d’eau. Des finitions en chromes agrémentent l’ensemble, soulignant la dimension statutaire de la limousine.
La ligne de toit haute facilite l’accès et la garde au toit, indispensable pour un usage protocolaire ou de taxi de luxe. Les pneus, à flancs généralement blancs pour les versions les plus huppées, accentuent l’élégance rétro. Enfin, la 260 D arbore l’étoile Mercedes soit sur la calandre, soit sur le sommet du radiateur, comme un signe distinctif incontestable. Le Diesel ne transparaît pas au premier regard : aucune mention “D” volumineuse, si ce n’est la plaque “260 D” discrète sur la malle arrière. De fait, l’auto demeure esthétiquement similaire à ses homologues essence, hormis l’empattement étendu et quelques détails d’ornement.
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Le Premier Diesel de Série pour une Berline, Des Performances Modestes mais Innovantes
La 260 D embarque un moteur Diesel quatre cylindres en ligne, d’environ 2,6 litres de cylindrée (2 545 cm³), développant autour de 45 chevaux à 3 200 tr/min. Le couple, avoisinant 100 N.m, se révèle correct pour l’époque, permettant à la voiture d’atteindre environ 90 km/h en vitesse de pointe. Certes, ces performances restent modestes par rapport aux moteurs essence contemporains, notamment les 6-cylindres ou 8-cylindres Mercedes, mais le but est ailleurs : proposer un coût d’exploitation nettement réduit, avec une consommation sensiblement plus basse que les versions essence.
Le moteur Diesel, alimenté par une pompe à injection Bosch (pionnière dans ce domaine), s’avère robuste et fiable, toujours dans la tradition du Diesel. L’inconvénient majeur réside dans la sonorité plus rugueuse et les vibrations plus prononcées, mais Mercedes s’efforce d’atténuer ces désagréments par des silentblocs et des insonorisations supplémentaires. La Pullman Limousine, plus lourde en raison de l’empattement allongé, n’est pas un foudre d’accélération, mais son utilisation première n’est pas la performance, plutôt le transport confortable et l’économie de carburant.
La transmission, souvent une boîte manuelle à 4 rapports, exige un maniement adapté au Diesel (régime de couple plus bas, plages d’utilisation différentes). Sur route, la 260 D Pullman Limousine n’a pas la vivacité d’une voiture sportive, mais offre une agréable fluidité, et peut parcourir de longs trajets à une allure constante d’environ 70-80 km/h, le tout avec une consommation faible pour l’époque, autour de 9-10 L/100 km (variable selon la charge). Ce concept de Diesel bourgeois et confortable est alors assez révolutionnaire, car la motorisation Diesel est majoritairement cantonnée aux véhicules utilitaires. Par la suite, d’autres constructeurs s’inspireront de l’exemple Mercedes pour introduire des versions Diesel dans leurs gammes.
Un Modèle Plébiscité par les Administrations et les Services de Taxi
La Mercedes-Benz 260 D Pullman Limousine 1938 connaît un certain succès parmi les administrations officielles, souhaitant un véhicule de représentation à la fois économique et statutaire. Des gouvernements locaux et des ambassades l’intègrent à leur flotte, tirant avantage du confort de la Pullman et de la fiabilité Diesel. Parallèlement, on la voit aussi dans certains services de taxi haut de gamme, où l’on cherche à minimiser la facture de carburant, tout en offrant une expérience raffinée aux passagers.
Cette double vocation (administrations et taxis) confère au modèle une image d’excellence fonctionnelle, typique de Mercedes. Bien entendu, la production globale reste modeste, car le Diesel n’a pas encore pleinement conquis le marché privé, plus habitué au raffinement sonore des moteurs essence. De plus, la Pullman Limousine, plus chère que les variantes standard, demeure un objet d’exception. Plusieurs exemplaires serviront de voitures officielles dans l’Allemagne d’avant-guerre, puis certains traverseront la Seconde Guerre mondiale, parfois transformés ou réquisitionnés. L’après-guerre voit la rareté de ces exemplaires, puisque la plupart ont disparu dans le chaos du conflit ou la pénurie de pièces.
Aujourd’hui, il est extrêmement rare de croiser une 260 D Pullman Limousine encore roulante. Les quelques spécimens restaurés, jalousement conservés, apparaissent dans des musées ou lors d’événements de collectionneurs, témoignant d’un chapitre incontournable de l’histoire du Diesel automobile. Les amateurs apprécient son élégance de limousine d’époque, la tranquillité de son moteur (malgré le cliquetis propre au Diesel), et sa place de pionnière dans l’essor des voitures Diesel de tourisme.
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20 Questions Fréquemment Posées sur la Mercedes-Benz 260 D Pullman Limousine 1938
Voici une liste de 20 questions souvent soulevées à propos de la 260 D Pullman Limousine de 1938, reflet de l’intérêt des passionnés pour ce modèle diesel avant-gardiste.
| Question | Réponse |
|---|---|
| 1. Quand la première 260 D est-elle apparue ? | Elle est lancée en 1936 comme première voiture de série Diesel, la version Pullman Limousine date de 1938. |
| 2. En quoi consiste la “Pullman Limousine” ? | C’est une version à l’empattement allongé et l’intérieur plus spacieux, destinée à un usage officiel ou de luxe. |
| 3. Quel moteur équipe la 260 D ? | Un quatre-cylindres Diesel de 2,6 L (env. 45 ch), utilisant une injection Bosch. |
| 4. Était-ce vraiment la première auto Diesel de série ? | Oui, Mercedes revendique la 260 D comme pionnière mondiale pour une voiture Diesel produite en série. |
| 5. Quelles performances ? | Vitesse maxi ~90 km/h, 0-60 km/h en une vingtaine de secondes. Des chiffres modestes, mais suffisants pour l’époque. |
| 6. Pourquoi privilégier un Diesel en 1938 ? | Pour l’économie de carburant, la robustesse du Diesel, et l’innovation technique. C’était un argument fort, surtout pour les taxis et administrations. |
| 7. Combien coûte la consommation moyenne ? | Environ 9-10 L/100 km, un chiffre compétitif à l’époque, où les essence pouvaient consommer davantage. |
| 8. La Pullman Limousine est-elle rare ? | Extrêmement rare. Peu d’exemplaires produits, et beaucoup ont disparu durant la Seconde Guerre mondiale. |
| 9. Quelle est la différence avec la 260 D standard ? | L’empattement plus long, l’intérieur plus cossu, et la présentation de luxe. Les mécaniques restent identiques (même bloc Diesel). |
| 10. Combien de places dispose la Pullman ? | Selon la configuration, jusqu’à 7 (avec des strapontins). Généralement 5 passagers, assis très confortablement. |
| 11. Quel type de boîte de vitesses ? | Une boîte manuelle à 4 rapports, avec rapports longs pour privilégier l’économie et la souplesse. |
| 12. Avait-elle une direction assistée ? | Non, la direction est entièrement manuelle, cohérente avec les standards de l’époque. |
| 13. Comment se situe la fiabilité du Diesel d’alors ? | Il se montre robuste, mais requiert un entretien attentionné, notamment sur la pompe à injection. C’était plus fiable que certains moteurs essence complexes. |
| 14. La finition intérieure est-elle vraiment luxueuse ? | Pour l’époque, oui : banquettes en tissu épais ou cuir, boiseries, moquette, et une présentation soignée de la planche de bord. |
| 15. Le modèle fut-il utilisé par des officiels ? | Oui, plusieurs administrations et ministères en Allemagne ou dans d’autres pays l’ont utilisé comme véhicule de fonction, appréciant l’économie en carburant. |
| 16. La 260 D a-t-elle eu un succès commercial ? | Modéré, mais suffisant pour valider l’idée du Diesel dans l’automobile. Les versions Pullman sont restées confidentielles. |
| 17. La production a-t-elle duré longtemps ? | De 1936 à 1940 environ, puis la Seconde Guerre mondiale a stoppé la plupart des productions civiles. |
| 18. Quelle est la vitesse de croisière recommandée ? | Autour de 70-80 km/h, pour une conduite souple et économe. Au-delà, le moteur peine un peu. |
| 19. Les exemplaires restants valent-ils cher aujourd’hui ? | Oui, extrêmement. La rareté et l’intérêt historique font grimper les prix, surtout pour la Pullman Limousine, encore plus difficile à trouver. |
| 20. Pourquoi cette voiture est-elle considérée comme précurseure ? | Parce qu’elle a démontré la faisabilité d’une berline Diesel de tourisme, mariant confort et sobriété, ouvrant la voie à la future démocratisation du Diesel dans les gammes. |
Tableau Récapitulatif : Mercedes-Benz 260 D Pullman Limousine 1938
Un tableau (responsive, bordure 1px) synthétisant les principales spécifications de ce modèle iconique.
| Modèle | Période | Moteur Diesel | Cylindrée | Puissance | Vitesse Max | Architecture |
|---|---|---|---|---|---|---|
| 260 D Pullman Limousine | 1938-1940 (approx.) | 4 cylindres Diesel | 2,6 L (2545 cm³) | ~ 45 ch à 3200 tr/min | ~ 90 km/h | Empattement long, carrosserie limousine |
Les chiffres exacts de production demeurent imprécis. Les exemplaires Pullman Limousine représentent une fraction minoritaire du total des 260 D (environ 2 000 ex. toutes variantes confondues, selon les estimations).
Un Témoin Précieux de la Genèse du Diesel dans la Voiture Particulière
La Mercedes-Benz 260 D Pullman Limousine 1938 illustre de façon remarquable la volonté d’innover chez Mercedes-Benz, qui, dès l’avant-guerre, intègre la technologie Diesel dans un véhicule de luxe, là où beaucoup n’y voyaient qu’un usage utilitaire. En associant un moteur Diesel quatre cylindres à la plateforme d’une berline haut de gamme, la marque à l’étoile prouve que l’on peut concilier économie de carburant, fiabilité et standing. Le choix d’une version Pullman, avec un empattement rallongé et une présentation intérieure cossue, vient souligner l’ambition de proposer un véhicule destiné aux services officiels, aux dignitaires ou aux taxis premium.
Dans le paysage automobile de l’époque, cette démarche est audacieuse. Le Diesel, connu pour ses gains en sobriété, reste handicapé par une sonorité moins flatteuse et des performances moindres. Pourtant, la 260 D réussit à prouver que la modernité peut venir secouer les idées reçues, notamment en matière de motorisation. Elle ouvre la voie à ce qui deviendra, des décennies plus tard, une adoption massive du Diesel dans les gammes de berlines, tout particulièrement en Europe. De plus, son confort de marche et sa robustesse légendaire suscitent l’intérêt de nombreux services de taxi, en Allemagne et ailleurs, persuadés par l’argument économique de la faible consommation. Les administrations y voient également l’atout d’une voiture spacieuse et à l’entretien maîtrisé.
La Pullman Limousine 260 D, de par sa rareté et son positionnement haut de gamme, ne s’est pas diffusée en grands volumes, surtout alors que la Seconde Guerre mondiale se profile et bouleverse la production automobile. Mais elle laisse un témoignage fort d’une époque où Mercedes tentait déjà de percer un nouveau marché, celui des voitures Diesel particulières. Les rares exemplaires préservés après-guerre sont aujourd’hui considérés comme des pièces de collection hors norme, convoitées par les amateurs de Mercedes d’avant-guerre et les passionnés de l’histoire du Diesel. Par son design typique des années 1930, son habitacle Pullman raffiné et son moteur Diesel novateur, la 260 D Pullman Limousine 1938 reste le symbole d’un tournant technique, et la preuve que la quête d’efficacité énergétique pouvait déjà se concilier avec le confort et le prestige.
Par Antonio Sanchez, pour Cravate Avenue
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