Les Preppies toujours au top !
Le style « preppy » est un classique irremplaçable, indéboulonnable et en 2018, il est toujours furieusement au goût du jour !
Remanié, retravaillé, étoffé et parfois emprunt d’autres tendances du moment, ce look a traversé les décennies sans souci, entraînant avec lui toute une philosophie de vie, des valeurs à la fois stylistiques et morales, des images d’Epinal totalement réinterprétées et un brin de snobisme peut-être, mais surtout un beau concept de mode.
D’où viens-tu « jeune preppy » ?
Il n’y a pas tant de styles vestimentaires que ça qui peuvent se vanter d’avoir franchi les générations sans réellement prendre de rides, sans même avoir quelques moments de franche désuétude !
Avec le style « costard-cravate », coquetterie dont les hommes ont ensuite fait une évidence depuis des lustres pour des raisons sociétales, le look jeune homme de bonne famille, sain et sportif est passé dans les mœurs comme un véritable marqueur social, le signe plus ou moins ostentatoire d’un état d’esprit, d’une éducation à l’anglaise dans laquelle la rigueur est souvent de mise, mais qui démontre aussi un certain conformisme, basé sur la distinction, l’élégance, et le respect absolu de certains préceptes.
Issue des rangs des grandes écoles anglaises et américaines, et même des fameuses fraternités très élitistes de la fameuse Ivy League (le terme « preppy » vient du mot « preparatory » des classes préparatoires). Ce club des huit plus grandes universités du nord-est américain et dont le nom Ivy signifie « lierre » pour la plante poussant sur tous les bâtiments de ces vénérables institutions dont au mois 6 furent créées par les britanniques au temps des colonies, procède a une sélection impitoyable par les résultats mais aussi par l’argent. En 2015, Seuls 5% d’étudiants candidatant ont été admis à Stanford, 5,3% à Harvard, 6,5% à Yale ou 6,1% pour Columbia, une vraie fabrique à « killers », hommes d’affaires impitoyables, politiques insatiables, etc. La tendance preppy est donc l’expression de reconnaissance de jeunes hommes formés à des rites et des sociétés aux mœurs très secrètes. Née pour regrouper les futurs dirigeants d’un pays où la réussite est une quasi-religion, pour les unir autour des mêmes valeurs d’exclusivité de leur rang, ces groupes aux contours aristocratiques avaient aussi pour point commun les apparats universitaires comme les uniformes, le sport, les dortoirs, devises ancestrales et autres rites initiatiques un peu calqués sur les us francs maçons.
De génération en génération, ces coutumes ont été transmises de pères en fils, d’oncles en neveux, un héritage aux doux airs de bienséance surannée, mais qui construisit tout de même et non seulement une classe sociale mais aussi une silhouette mythique, imbibée du parfum doux-amer des majestueuses cathédrales du savoir, que sont encore toutes ces facultés anglo-saxonnes.
Comme beaucoup de belles réussites, ce look bien sous tout rapport a plus tard franchi les frontières aseptisées des pensions pour fils à papa, et conquis la rue et ses ouailles avec quelques nuances mais tout autant de panache.
Lisa Birnbach, une auteur et éditrice américaine a été l’une des initiatrices de la démocratisation officielle du look preppy, en publiant dans les années 1980, un recueil anthologique et qui restera 38 semaines en tête des meilleurs ventes de livres selon le New York Times : The Official Preppy Handbook. Soit la bible du modèle. Et pourtant, c’est bel et bien une sature de ce genre vestimentaire et des valeurs qui vont avec, que cet auteur inspiré, ayant collaboré avec les plus grands magazines, de Rolling Stones à Spy Magazine avait écrit. Comble de l’histoire, ce recueil est ensuite devenu le guide essentiel de l’attitude preppy, des manières de l’upper-class américaine.
Erich Segal, inventeur de l’expression « preppy » a également défini ce look ainsi : « la caractéristique du preppy est de s’habiller parfaitement au naturel ». Pas de fausses notes donc dans ces beaux jeunes hommes que l’on a pu voir incarnés à l’écran dans « Nos plus belles années » avec Rober Redford en étudiant bombissime, ou dans « Love Story » sous les traits d’un Ryan O’Neal. Icône des marques américaines estampillées preppy, les magasins Brooks Brothers et Fred Perry ont ainsi investi tous les campus les plus prestigieux et grâce à eux, les indomptables frères Kennedy, devenant ainsi porte-étendard et modèles idéaux d’une jeunesse au top du succès. Un peu plus tard, c’est au tour de Ralph Lauren de s’emparer du concept avec des silhouettes totalement Cape Cod ou Bostoniennes. On pourrait faire un parallèle assez facile avec notre fameux style BCBG à la française, mais il existe tout de même un côté plus fun, plus coloré et sportswear dans ce look-là. Il est le chic décontracté mais ne rechigne à aucune évolution, peut suivre certaines tendances sans mal, et aime bien twister un peu ses allures avec certaines touches d’imprimés ou de teintes décalées. En somme, un mélange assez subtil entre BCBG français, chic british et attitude countryside.
L’exemple Kennedy :
Un des hommes politiques les plus adulés, les plus charismatiques des Etats-Unis a donc été un symbole absolu du look preppy et avec lui toute le reste de sa famille, définitivement marqué de l’emblème du chic Cape-cod.
John Fitzgerald Kennedy est né le 29 mai 1917 à Brookline, dans le Massachusetts dans une famille catholique d’origine irlandaise, ayant rejoint les Etats-Unis au 19ème siècle. Il sera le deuxième d’une lignée de neuf enfants.
Son père, Joseph Kennedy, est un homme d’affaire et diplomate diplômé d’Harvard et ayant fait fortune dans la construction de bateaux, la banque, le cinéma, la bourse et d’autres activités plus ou moins honnêtes. Il sera nommé ambassadeur à Londres, ce qui lui donnera des ambitions politiques très hautes, puisqu’il fera tout pour devenir président des Etats-Unis. Espoirs définitivement anéantis par ses accointances avec le régime hitlérien pendant la guerre. Lorsque son fils aîné Joe, meurt au combat, c’est donc sur John, son second, qu’il va porter tous ses espoirs pour atteindre la suprême législature. Ce dernier entre à son tour à Harvard en 1936 et étudie donc les relations internationales. En 1941, quelques temps avant que les Etats-Unis se décident à entrer en guerre, il s’engage dans la marine. En août 1943, il est lieutenant et commande le navire PT109, un lance-torpille chargé d’intercepter un convoi de matériel militaire japonais. Son navire subit avaries sur avaries et finit par être coulé. Avec une dizaine de survivants, il nagera pendant des heures en pleine nuit pour rejoindre une île déserte. Trois jours plus tard, il repartira avec quelques autres marins, toujours à la nage, rejoindre une île habitée et prévenir les autorités américaines.
Grâce à cela il devient un héros, puisque son cher père profitera de l’aubaine pour le placer en première page de tous les magazines du pays et lui donner l’image de sauveur national, dont il a besoin pour entrer en politique de façon magistrale.
En 1946, il part donc en campagne et vise un siège de représentant à la Chambre de Boston. Il est élu et gardera le siège jusqu’en 1950. Pendant son mandat, il critique allègrement la politique étrangère du gouvernement et la faiblesse de l’administration face aux menaces communistes. Il tente le poste de sénateur en 1952 et bat Cabot Lodge sans trop de souci. Du côté vie privé, et pour parfaire son image, il épouse le 12 septembre 1953, la belle Jacqueline Lee Bouvier, journaliste au New York Times, et issue elle-aussi d’une famille bien sous tout rapport de la Côte Est. Aussi charismatique que son époux, elle deviendra à sont tour icône de mode, marquant les années 1960 de son allure fabuleuse. Ensemble, ils donneront naissance à trois enfants : Caroline, née le 27 novembre 1957, John John, né le 25 novembre 1960 et Patrick, mort né en 1963.
En 1956, John Kennedy décide de se présenter à la vice-présidence démocrate pour les élections présidentielles mais est battu de six voix seulement. Mais son rival, Stevenson est battu à son tour par Eisenhower. De cette seule défaite dans son itinéraire sans faute, l’homme va faire une furieuse motivation à briguer la prochaine élection présidentielle de 1960. C’est donc un John Kennedy au top de son charisme qui se présente devant la nation et la convention républicaine investit sans surprise Richard Nixon, alors vice-président des Etats-Unis.
Le 8 novembre 1960, John F. Kennedy est élu 35ème président des Etats-Unis avec 49,7% des voix soit la marge la plus courte du siècle soit, à peine 100 000 voix séparant les deux candidats, mais le système électoral américain fait qu’il sort largement majoritaire. Après 4 ans d'effort, il accède enfin au pouvoir et devient l'un des plus jeune président des Etats-Unis à 43 ans (seul Théodore Roosevelt avait été élu plus jeune à l’âge de 42 ans). Il devient aussi le premier président catholique des USA et est investi par Earl Warren, président de la court suprême, en janvier 1961.
Pour présider, il s’entoure de personnalités brillantes dont son propre frère cadet, Robert, juriste de formation, à la justice. Le vieux Joseph jubile ! Dès son discours d’investiture, il entend pratiquer de profonds changements, dans son pays mais aussi dans le monde entier. Il veut entre autres choses, relancer la vie économique du pays, stopper les différences de traitement entre races et la ségrégation et traiter la menace communiste avec fermeté, considérant aussi que les Etats Unis doivent récupérer leur suprématie face à l’URSS, la réalité de la Guerre Froide commençant à prendre ainsi son ampleur. Le 22 novembre 1963, il se rend à Dallas Texas pour préparer sa campagne de 1964 et essayer de récupérer cet état fort peu acquis aux démocrates. Malgré les menaces de mort multiples proférées par certains mouvements d’extrême droite, il tente la traversée de la ville dans une décapotable afin d’être visible de tous, et est victime d’un attentat qui le laisse effondré sur les genoux de sa femme Jackie, le crâne transpercé par plusieurs balles d’un tireur caché. Le mythe est en marche. Le président décède quelques heures plus tard et avec lui s’en vont les espoirs de beaucoup d’américains dans un nouvel ordre mondial.
Toujours lié dans l’imaginaire populaire à son épouse Jackie, autre icône du chic, ils ont formé un des plus beaux couples du 20ème siècle fashion, promenant leurs allures impeccables, à base de costumes aux tons sobres superbement coupés et de tenues casual pour lui, et de silhouettes de grands couturiers up-to-date pour elle. Cette allure si lisse et élégante a immanquablement profité à la carrière du politicien, comme elle l’avait fait aussi pour son père et le fera pour ses frères et descendants, pendant des générations, son fils unique devenant plus tard à son tour, un symbole du chic new-yorkais et incarnant le petit prince des USA avec brio, avant de disparaître à son tour tragiquement et de poursuivre le mythe Kennedy.
Car en politique, l’image est une clé du succès, d’autant plus dans une Amérique si fière de ses valeurs et de ses symboles. Imposer un look assuré et étudié inspire confiance et assied tout un tas d’autres qualités dans les yeux de l’électorat, tout en le séduisant facilement. A l’époque, l’américain moyen est toujours en costume trois-pièces. John Kennedy optera pour des manteaux longs sur chemise et cravate, des vestes à double boutonnage, et mettra l’accent sur des accessoires qui, eux-aussi deviendront culte, comme les fameuses lunettes de soleil Rayban, ou les chapeaux Borsalino., que l’on peut encore apprécier dans les best sellers contemporains.
En privé et le week-end, John Kennedy , adepte des sorties en voilier, sera le plus souvent en polo et pantalon chino, twisté de vestes en tissu légers bleu marine ou en tweed et des mocassins détente, objets incontournables de la légende preppy et n’ayant jamais quitté le modus operandi du fashion addict cool et chic.
Se créer un « Kennedy look » :
Maîtriser les codes du casual chic preppy à la Kennedy, c’est d’abord respecter quelques règles, comme privilégier au moins une ou deux pièces chic dans sa silhouette et les mixer avec du décontracté. Un polo avec un pantalon à pinces en coton, une chemise avec un jean et une ceinture pointue, un pantalon chino avec une jolie paire de mocassins, un sweat avec une veste en tweed…tout est dans le contraste maîtrisé, le mélange des textures. On reste toujours au début dans des tons simples et faciles à vivre.
Du bleu, du beige, du kaki, du gris, ces couleurs dans des matières différentes peuvent déjà vous donner une allure tip-top sans effort.
L’accessoire est le must de la silhouette preppy. On ose le détail clin d’œil d’une pochette flashy, d’une belle montre, d’une cravate ou d’un bracelet. Les chaussures et les ceintures aussi ont leur carte « insolite » à jouer, en décalant la tenue d’une once de folie.
Attention à se sentir capable de bien assumer ces items, la confiance en soi est essentielle pour définir une silhouette cool. Ne pas gérer une paire de baskets un peu « on the edge » ou une ceinture imprimé python, c’est foncer dans le mur de la honte !
Jeune et beau Fichier : #122943339 | Auteur : gstockstudio
Les fans de costumes et ceux que leur profession oblige à en porter au quotidien, pourront les porter croisés avec des boots un peu rock. Les gilets seront parfait sur une chemise et un chino l’été, pour upgrader le tout. Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer dans une silhouette cool-chic, les cravates peuvent être de sortie en toute occasion, en mode farniente légèrement dénouée ou en working preppy so chic, sur des chemises à cols originaux.
Les preppies, symboles de chic, de beauté, de réussite et peut-être aussi d’une certaine perfection tirée de l’imaginaire américain, ont toujours et encore le vent en poupe ! Jamais laissés pour compte au profit de tendances plus modernes, ils sont un incontournable des silhouettes proposées aux hommes et affrontent tous les courants de mode les plus radicaux sans trembler, depuis des décennies. Grâce à des basiques faciles à porter et des mix and match totalement logiques, ils vont à tous les profils, toutes les morphologies, même si, pour bien coller au mythe, l’homme preppy a la santé et l’entretient avec du sport et du bon air ! A la ville et au boulot comme en vacances, les hommes tendance preppy sont bien dans leur peau et dans leurs mocassins ou chaussures bateaux increvables. Ils aiment tenter des choses à coup d’accessoires insolites, donner du ressort à leur panoplie de parfait gentleman, et cette fantaisie est aussi un trait de leur caractère. De la famille Kennedy, icône absolue de ce style, à Ralph Lauren ou Tommy Hilfiger, cette silhouette marque aussi les esprits créateurs de la nouvelle génération, comme Jeremy Schott ou même Moschino et s’affiche sur les stars de cinéma ou même les têtes couronnées. On aime son mix de teintes, de matières et le flegme tout britannique qu’il laisse présager chez ses adeptes. Si vous ne le connaissez pas, laissez vous tenter, vous l’adorerez aussi, on en est sûrs !!
Marie Masuyer
Journaliste Mode pour Cravate Avenue
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