Le lacet, le petit accessoire qui a tout d’un grand !
On l’a assez répété : les accessoires sont les atouts majeurs de toute silhouette mode qui se respecte!
Il en existe désormais de toutes sortes, certains moins évidents à porter au quotidien que d’autres, mais ce très grand choix est une véritable bénédiction pour tous ceux qui aiment se tenir à un style particulier mais le twister un peu avec quelques grains de fantaisie.
Dans ce registre, pourquoi ne pas aborder le cas des lacets ? Vous savez, ces petits bouts de cuir, corde ou textile se mariant impeccablement à nos chaussures, mais leur permettant avant tout de tenir sur nos pieds !
Vous me direz que ce n’est certes pas l’objet le plus sexy de votre garde-robe, et vous aurez peut-être raison, mais il a tellement évolué ces dernières années, qu’il est, pour le moins, devenu un gage de chic un peu décalé, dont on raffole !
Pour commencer sans se les emmêler (les lacets !), allons donc découvrir leur petite histoire.
Les tribulations du lacet.
Depuis la nuit des temps et surtout depuis que l’homme s’habille pour se se protéger des intempéries et du froid, ce dernier a cherché à faire tenir des protections sur ses pieds et ce ne fut pas une mince affaire ! En les fixant et en essayant de les maintenir, il a créé les prémices des sandales et des semelles. A l’époque, faire tenir une chaussure se résumait souvent à découper des cordelettes ou des bandelettes de cuir ou de tissus et à s’en enrouler les pieds allègrement.
C’est pendant la préhistoire que les premières vraies «chaussures » sont apparues. Plutôt simples, elles étaient confectionnées en peaux de bêtes découpées, entourées autour des pieds avec des bandes de cuir ou de ficelles. Et c’est grâce à une découverte célèbre que nous sommes arrivés à cette conclusion :
Homme Primitif - Fichier : #176069967 | Auteur : Kovalenko I
Le 19 septembre 1991 en Italie, sur le glacier de Similaun, situé dans la province du Sud Tyrol appelé les Ötztal, deux randonneurs ont eu la grande surprise de découvrir lors de leur périple à plus de 3200 mètres d’altitude, un corps humain sorti on ne sait comment des glaciers. Surnommé « Ötzi », l’homme de glace, aussitôt devenu l’objet d’attention de nombreux scientifiques, s’est avéré avoir vécu entre 3350 et 3100 avant J.-C , c’est-à-dire au beau milieu de l’âge de bronze. Pas né d’hier donc ! Et quel rapport avec nos lacets , me demanderez-vous ! Eh bien, cette dépouille en parfait état de conservation portait justement de magnifiques chaussures en peau de cerf pour le corps, en cuir d’ours pour la semelle, une empeigne en cuir, et des lacets splendidement conservés eux-aussi, réalisés avec des ficelles d’écorce. À l’intérieur de cette ancêtre de la chaussure, on pouvait trouver un un «filet» d’herbes tressées, maintenant une couche de foin, en guise de doublure et d’isolant thermique. Cet accessoire allait en complément d’un équipement vestimentaire très étudié et à plusieurs couches, pour se protéger du froid et parcourir un long chemin dans l’austérité des montagnes.
une chaussure romaine - Fichier : #5877635 | Auteur : Javier Cuadrado
Durant l’Antiquité, c’est-à-dire bien plus tard, on savait déjà que les Étrusques utilisaient aussi de chaussures ou de chausses à lacets, idée reprise par les Romains., et qui présagera la naissance de ce que l’on appelle désormais les fameuses « spartiates ».
Les mérovingiens (481 -751) eux-aussi ont, d’après de nombreuses témoignages laissés par écrit, utilisé des systèmes de chaussures à lacets, puis ont légué cette tradition vestimentaire à leurs successeurs carolingiens (751 -987). Les « cordonniers » de l’époque, même si le terme n’existait pas encore, puisqu’il provient des travailleurs de cuir lors de la présence des maures à Cordoue, utilisaient les chutes de cuir pour façonner ces ancêtres de nos sandales . Ils les trempaient dans l’eau pour être assouplies, puis les plongeaient dans de l’huile, les découpaient à la taille désirée et les roulaient entre deux planches pour les arrondir selon la forme des pieds.
Costumes allemands du V à VIII siècle : tunique courte, manteau de la cheminée, breies accroché aux genoux ou aux chaussures mi-mollet et en cuir ou bottes Fichier : #192982166 | Auteur : acrogame
IL faudra cependant attendre la toute fin du 14ème siècle, pour voir cette profession déjà bien établie, proposer à ses clients de toute classe sociale, et pas seulement aux seigneurs, des chausses agrémentés de véritables lacets à des prix raisonnables.
Au 18ème siècle, la fabrication de lacets est confiée à des tisseurs avec des métiers à tisser adaptés, mis au point au fur et à mesure des débuts de l’industrialisation.
L’inventeur officiel des lacets modernes serait un certain Harvey Kennedy en 1790. Mais des sources discordantes, s’entendent elles pour dire que le véritable inventeur du lacet est inconnu, puisque tout s’est construit par étapes successives. Le fait est qu’avant 1790 et « l’invention » de Kennedy, il n’y avait pas de lacets en vente au détail et que l’heureux homme a fait près de deux millions et demi de dollars de profits (proche de cinquante milliards aujourd’hui) rien qu’avec le dépôt de brevet de ces simples attaches en cuir !
On ne reconnaîtra pas cette version comme une vraie révolution pratique, car ces premières versions étaient assez difficiles à utiliser ! Faits de simples fils, on avait beaucoup de mal à les faire entrer dans les œillets des chaussures, et les premiers lacets avec des aglets , c’est-à-dire, des bouts rigidifiés, en argent ou en métal type étain, n’apparaîtront qu’un peu plus tard. On verra ensuite se multiplier les aglets plus « mode », réalisés avec des métaux précieux comme de l’or ; ils deviendront un des accessoires stars de la fin le 19ème siècle.
Au 20ème siècle, la révolution plastique transformera les choses et les aglets se populariseront à tel point que plus personne n’y prêtera attention, jusqu’à oublier le sens même de ce mot !
On verra aussi apparaître les fameux scratch, reléguant les lacets aux oubliettes, puis les chaussures à élastiques, tout cela essentiellement dans le milieu du sportswear, les chaussures élégantes ne pouvant se passer d’une jolie paire de lacets en coton ciré ou en cuir !
Le guide du laçage parfait en quelques leçons :
En effet, il existe autant de type de laçages que de chaussures et on aurait un peu de mal à tous le citer, c’est pourquoi voici un petit abécédaire des systèmes les plus connus et les plus chics, bien entendu :
Première question essentielle : savez-vous faire des nœuds de lacets qui durent toute la journée ?
Il paraîtrait qu’on estime le nombre de façon de nouer des lacets sur des chaussures à 6 œillets (le détail est important !) à des centaines de milliards (selon l’expert en laçage Ian Fieggan et vu sur son site)…ça laisse perplexe ! Pour être un peu pragmatique, on aurait surtout tendance à se demander quelles manières sont les plus classiques, les plus rapides, les plus chics ? Quel type de laçage correspond le mieux à quel type de chaussures, et désormais, quelle couleur choisir ?
Tous les jours, on peut perdre un bon paquet de temps à délacer nos chaussures, les enfiler, les resserrer etc. d’autant plus quand il s’agit de bottines ou de baskets aux designs un peu complexes. Une fois la manip opérée, combien de fois se retrouve-t-on en pleine rue ou dans une situation pas très confortable, avec les lacets pendouillant lamentablement ? Perte de temps et perte de patience parfois !
Il existe pourtant des façons de nouer ses lacets imparables et inratables.
Premier élément important : on choisit la bonne longueur de lacets !
Des lacets trop grands ou trop courts, c’est vraiment la galère ! Boucles impossibles à faire ou qui traînent parterre, accumulation de nœuds pourris et gros paquet en prévision, c’est pas la grande classe ! On passe donc par la case calcul en appliquant une formule mathématique un peu indigeste, mais paraît-il infaillible :
Bonne longueur en CM = écart horizontal entre le centre de deux oeillets × nombre d’oeillets + 50
Selon votre méthode de laçage la longueur des lacets évoluera, mais vous aurez, selon Ian Feggan toujours, un bon matériel de départ.
Les laçages pratiques et chics :
chaussures en cuir marron classique homme Fichier : #105369973 | Auteur : Fxquadro
Pour des boots , des baskets ou des chaussures montantes :
Très à la mode ces dernières saisons, les boots ou bottines, inspirées du look gentleman farmer sont un cas particulier au niveau du laçage. Leurs proportions et leurs formes étant très différentes des souliers classiques. Leurs tiges remontant sur la cheville, doivent être convenablement serrées de façon à ne pas gêner le bien être et la marche de leur propriétaire. Nous proposons un grand choix de lacets pour sneakers et baskets, en coton, 40 couleurs et confectionnés en France. Le top!
Il existe donc des types d’attaches adaptés qui vont permettre des maintiens plus ou moins serrés et aussi différentes façons de porter ces boots, selon notre allure plus ou moins sophistiquée.
Le laçage en échelle, pour une cheville bien maintenue :
Pas vraiment adapté à des chaussures habillées, ce type de laçage permet néanmoins de bien retenir la cheville et est souvent utilisé dans les chaussures de randonnée ou de montagne. Il peut aussi donner un côté un peu original à une paire de sneakers smart avec un jean. Il faut prendre le coup de main pour arriver à un équilibre parfait des deux côtés des lacets, mais le résultat est nickel !
Le laçage « à la militaire » pour une allure plus décontractée :
Paire de chaussures sur fond blanc Fichier : #172130864 | Auteur : WavebreakMediaMicro
Facile à réaliser puisqu’il ne requiert que quelques croisés, il permet de prendre un peu de marge dans le laçage, et d’apporter un plus confort dans la chaussure. Beaucoup de lookés sportswear ou streetwear aiment porter leurs baskets montantes avec ce genre d’attaches, laissant même les derniers passants, au-dessus de la cheville, ouverts.
Les chaussures montantes à crochets :
Chaussures homme cuir Fichier : #193800425 | Auteur : sitthipong
Les chaussures à crochets sont la plupart du temps des chaussures dites « techniques » et moins mode. Cependant, elle requiert elles-aussi des laçages particuliers et c’est souvent le simple lien croisé qui prévaut, pour aller plus vite et parce qu’il permet aussi un bon maintien. On prend un côté pour le passer sous le crochet puis on croise pour aller chercher sous l’autre crochet et cela tout le long de la fermeture.
Les laçages classiques pour tous les autres type de chaussures :
Le bel homme d'affaires s'assied portant des chaussures et met des lacets sur ses chaussures Fichier : #168903620 | Auteur : thithawat
Le laçage croisé :
C’est le moyen le plus rapide et le plus connu qui consiste en un “dessus-dessous” comme vous pouvez le voir sur ce schéma :
On ne va pas se mentir, ce n’est pas la méthode la plus chic du genre ! Elle est facile à utiliser, le desserrage et resserrage aussi mais sur des chaussures de belle qualité, on l’oubliera carrément ! En revanche, elle conviendra très bien à nos baskets ou à des bottes de randonnée ! En limitant les points de pression sur notre pied, il est cependant très confortable, c’est pourquoi, pour le sport, il reste le classique idéal !
Le laçage dit « parallèle » :
Chaussures homme Fichier : #124154685 | Auteur : Javier
A première vue, c’est l’un des plus simples et des plus raffinés. Pas de croisements mais des lignes parallèles parfaites. En pratique, il joue sur le principe de passer verticalement sous les œillets.
Nous proposons pour ce type de laçage et de souliers, des lacets ronds et épais en coton, confectionnés en France.
Dans une autre déclinaison de ce laçage, vous pouvez serrer et desserrer les lacets avec un seul côté. Il permet aussi d’avoir toujours deux extrémités de la même longueur. Une moitié du lacet va directement du premier au dernier oeillet (du même côté) alors que l’autre partie du lacet remonte tous les œillets (verticalement puis horizontalement).
Le laçage classique :
Chaussures en cuir noires avec chaussettes À motifs de losanges Fichier : #157103939 | Auteur : cherylvb
Quand on parle de beaux souliers de cuir et d’élégance, une méthode revient très souvent, c’est le laçage classique, appelé aussi laçage « boutique ».
On le retrouve la plupart du temps dans les devantures de boutiques de chaussures et il est somme toute très simple :une partie du lacet part du premier oeillet, traverse et remonte directement au dernier œillet, pendant que le second passe dans tous les oeillets en faisant un Z. Une fois fait, nos souliers sont serrés comme il faut et restent bien horizontaux et bien parallèles les uns aux autres.
Astuce esthétique : pour obtenir une symétrie parfaite entre les deux pieds, on peut aussi lacer notre chaussure droite à l’inverse de notre chaussure gauche.
Pour les plus pressés, ce ne sera pas la méthode la plus rapide, car au moment du laçage, on se retrouve très souvent avec les deux extrémités de nos lacets à des longueurs différentes.
Le nœud « Berluti », la fameuse méthode pour faire tenir notre nœud de chaussures :
Cette méthode est un peu le graal des amateurs de souliers chics et permet d’éviter les doubles, voire triples nœuds faits à l’arrache et donnant à nos lacets des airs de petites excroissances pas très chics ! On réalisera ce noeud avec des lacets fins pour souliers de ville.
Ce fameux nœud « Berluti », du nom du célèbre chausseur de luxe est en fait recommandé par de nombreuses maisons du même acabit et semble être la solution miracle.
Selon la légende, ce serait Olga Berluti, héritière de la vénérable maison, qui aurait créé le nœud » Berluti » dans les années 1970. L’inspiration lui serait venue d’un autre héritier prestigieux et de naissance royale très fidèle à la Maison : le duc de Windsor, célèbre pour son élégance et ses multiples entraves au protocole royal. Il avait quant à lui bénéficié des conseils de sa grand-mère, Alexandra de Danemark, pour éviter de voir se défaire ses lacets lors de parades militaires ou de cérémonies officielles, ne pouvant se permettre de se baisser pour aller refaire ses lacets toutes les trente secondes.
Ce double nœud, appelé depuis « nœud Berluti », très simple à faire et quasiment indétachable, se transmettrait ainsi de génération en génération et ne se retirerait qu’ en tirant sur les deux lacets à la fois. What Else ?
Voici le schéma made in Berluti pour reproduire ce nœud magique !
Pas si simple, mais on prend vite le coup de main !
Quel type de lacets pour quelle chaussure ?
Les chaussures de sport ferment en haut Fichier : #193397564 | Auteur : Dmitry Vereshchagin
Pour les chaussures de sport, même si les lacets en coton ou en acrylique leur sont souvent associés, les lacets en coton ciré leur permettront de durer plus longtemps, de résister aux entraînements intensifs et de maîtriser plus facilement le serrage.
Le cuir (le Nubuck) des chaussures, se concentre sur des détails. Macro avec faible profondeur de champ Fichier : #108425485 | Auteur : eevl
Les chaussures de ville ou habillées préfèreront les lacets ronds, et de préférence en coton ciré. Ils sont fins et élégants, et on en trouve désormais dans toutes les teintes !
Chaussures de tennis masculines en plein air. Photo de style de vie d'hommes, avec chaussures informelles. Fichier : #186184837 | Auteur : janifest
Les sneakers iront plutôt vers des lacets plats, et là encore, de nombreuses déclinaisons existent pour varier un peu les styles !
Les lacets de couleurs : on aime mais on maîtrise les codes !
Des lacets sont attachés par un homme d'affaires faisant un noeud, une boucle Fichier : #194296106 | Auteur : shutterup
C’est sûr que lorsqu’on voit la gamme incroyable de tons disponibles pour lacer nos chaussures classiques de nos jours, on a une folle envie de se laisser tenter !
Mais attention au fashion faux-pas : une très belle paire de chaussures n’aura pas forcément besoin de ce type de fantaisie. La couleur aurait tendance à affadir le modèle et à « faire de l’ombre » aux belles finitions de ce petit bijou ! Mais si vous êtes un pro du style casual-chic, vous saurez sans doute faire vibrer la couleur avec le reste de votre silhouette, alors osez ! Pour les autres, on se laissera donc tenter par de beaux lacets de la couleur du cuir, tout en n’omettant pas non plus de choisir de la qualité.
Chaussures homme brunes Fichier : #168648283 | Auteur : Lenslife
Les lacets de couleurs fun sont parfaits pour redonner un peu de fantaisie à des chaussures un peu plus « passe partout ». De celles que vous pouvez porter tous les jours.
Pour ne pas tomber dans le thème carnaval, l’idée est quand même de la jouer soft, en évitant par exemple, de coordonner chaussettes et lacets, ou cravate et lacets…préférez une couleur décalée de celle de vos souliers. Ou plus claire ou plus foncée, mais il faut trancher !
Les camaïeux de bleus :
Les camaïeux de rouges et rose :
Nous voilà parés à toutes les situations et super aware du cas mode « lacets » ! Les beaux jours n’allant pas trop tarder à arriver (on espère !!!) c’est le moment d’aller customiser nos paires de chaussures préférées avec les teintes du moment, celles dont on vous a déjà parlées à plusieurs reprises dans nos looks 2017-2018 ! Du rouge, des tons pastels, des oranges, des jaunes…les derbies vont jouer le colorblock, les richelieu se parer de pastels doux comme les soirées d’été et nos sneakers un peu fadouilles vont reprendre des couleurs ! On dit non aux scratch et aux élastiques, les lacets sont à la fête et nous, ça nous plaît !
Marie Masuyer
Journaliste Mode pour Cravate Avenue
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