BMW Isetta : La Microcar la Plus Attachante de l’Histoire Bavaroise
La BMW Isetta est sans doute l’une des microcars les plus célèbres de l’histoire de l’automobile, et elle occupe une place singulière dans la transition de l’Allemagne d’après-guerre. Lancée dans les années 1950, à une époque où la motorisation individuelle se démocratise, l’Isetta se distingue radicalement des BMW traditionnelles (souvent associées à des berlines sportives ou à des motos de haut standing). C’est en réalité un concept racheté par BMW à la firme italienne Iso, qui avait conçu un petit véhicule urbain nommé “Isetta”, caractérisé par sa porte unique à l’avant et son allure de bulle. BMW, alors en quête de diversification pour survivre dans un contexte économique difficile, décide de l’adapter aux normes allemandes, de lui greffer un moteur de moto maison et d’y apposer fièrement son logo.
Cette microcar offre un design totalement inédit pour l’époque : une carrosserie arrondie, à la frontière entre la sphère et l’œuf, dotée d’un seul accès frontal. L’habitacle, prévu pour deux passagers, est réduit à l’essentiel : un volant relié à la porte, un petit tableau de bord minimaliste, et un espace de rangement symbolique. En dépit de sa taille minuscule, l’Isetta propose un confort relatif pour les déplacements urbains, grâce à un moteur monocylindre modeste mais volontaire, et à une consommation très faible. Les ingénieurs de BMW retravaillent la mécanique pour la rendre plus fiable et plus adaptée aux routes allemandes, tout en conservant la philosophie italienne de départ : proposer une solution de mobilité économique et légère.
Sur le marché, l’Isetta trouve rapidement son public. Les citadins la plébiscitent comme une alternative bon marché aux grandes berlines coûteuses, alors que la reconstruction de l’Europe bat son plein. Avec l’explosion démographique et l’urbanisation croissante, le besoin d’une voiture pratique et peu encombrante se fait sentir. Grâce à son empattement réduit et à sa direction maniable, l’Isetta se faufile aisément dans les ruelles étroites et se gare sur des surfaces très restreintes. L’originalité de sa porte frontale, le bruit caractéristique de son monocylindre et son allure joviale conquièrent une clientèle désireuse de se démarquer des sempiternelles motos ou side-cars. Au fil des années 1950 et 1960, la BMW Isetta devient un symbole de l’ingéniosité “microcar”, un trait d’union entre le scooter et la voiture classique. Elle annonce aussi, pour BMW, un tournant qui permettra à la marque de patienter jusqu’à la relance de modèles plus ambitieux (séries “Neue Klasse”). Aujourd’hui, l’Isetta reste un objet de collection recherché, incarnation d’une époque inventive où la taille ne faisait pas la force, mais où la personnalité comptait plus que tout.
Contexte et Genèse : De l’Italienne Iso à la Bavaroise BMW
L’histoire de la BMW Isetta commence en Italie, au sein de la firme Iso Rivolta, connue pour ses scooters et ses petits véhicules utilitaires. Iso dévoile en 1953 la “Isetta”, un minuscule véhicule urbain doté d’une porte frontale et d’un moteur monocylindre. L’ingéniosité du concept séduit aussitôt plusieurs constructeurs en Europe. BMW, en quête de modèles abordables pour sortir de la crise d’après-guerre, conclut un accord de licence en 1954 pour produire et commercialiser l’Isetta sous son propre nom, en la modifiant sensiblement.
BMW revoit d’abord la mécanique : exit le bloc d’origine, place au moteur monocylindre 4-temps d’environ 250 à 300 cm³, déjà employé sur certaines motos BMW. En l’adaptant, la marque obtient plus de fiabilité, un service après-vente mieux organisé, et un label de qualité rassurant pour la clientèle allemande. Sur le plan esthétique, la structure générale reste identique à l’Isetta italienne : forme d’œuf arrondi, roue arrière unique (ou roues arrière très rapprochées, selon les configurations), et surtout la porte frontale qui s’ouvre sur le tableau de bord et le volant. Mais les ingénieurs BMW apportent quelques améliorations de finition, une meilleure isolation, parfois une vitre latérale retravaillée.
La BMW Isetta voit le jour en 1955. Rapidement, la microcar conquiert les zones urbaines d’Allemagne fédérale, où la population a besoin d’une voiture simple et peu onéreuse pour se déplacer. L’Isetta offre ce juste milieu entre la moto (trop exposée aux intempéries) et la berline (trop chère et trop imposante). Produite en masse pendant la seconde moitié des années 1950, elle contribue à la survie financière de BMW, qui traverse alors une passe délicate. Les bénéfices engrangés par les ventes d’Isetta permettent d’investir ensuite dans les modèles plus ambitieux, assurant la transition vers la “Neue Klasse” (série 1500) au début des années 1960. Ainsi, la Isetta joue un rôle fondamental, bien au-delà de son apparence bon enfant : elle sauve littéralement BMW de la faillite et ancre l’idée que la marque sait produire à la fois du haut de gamme et de la microcar rationnelle.

Un Design Unique et une Architecture Minimaliste
Si la BMW Isetta frappe les esprits, c’est grâce à sa carrosserie totalement inhabituelle. Elle ressemble à une bulle ou à un œuf sur roues, avec un pare-brise bombé et une calandre frontale quasiment absente (hormis le logo BMW). Le fait le plus marquant : l’unique porte frontale, qui comprend le volant et le tableau de bord fixés dessus. Ainsi, lorsque le conducteur ouvre cette porte, le volant pivote légèrement, facilitant l’accès à bord. L’espace intérieur est conçu pour deux occupants de moyenne corpulence, assis côte à côte sur une banquette étroite.
Le moteur est logé à l’arrière ou sur le côté, selon la version, et l’on recense différentes configurations de roues : la plupart des BMW Isetta ont deux roues arrière rapprochées, rendant la voiture stable tout en limitant le coût d’un pont arrière plus classique. Les dimensions sont extrêmement réduites, ce qui la rend facile à garer. On parle d’une longueur d’environ 2,3 mètres pour une largeur de 1,4 mètre. Les phares, souvent ronds et proéminents, accentuent l’aspect rieur et convivial de la silhouette.
À l’intérieur, pas de superflu : un petit compteur de vitesse, quelques commutateurs pour les feux, une manette de vitesses généralement sur le côté, et un accès direct à la route depuis un pare-brise assez large. Le confort reste basique, mais la modularité est surprenante : il est possible de transporter quelques courses derrière la banquette, ou de rouler la fenêtre ouverte pour aérer l’habitacle. La toile du toit, coulissante, renforce encore la sensation de liberté. Dans l’Allemagne d’après-guerre, ce format mini répond parfaitement aux besoins de mobilité, où le carburant n’est pas toujours abondant, et où les revenus sont limités.
Variantes Mécaniques et Performances Urbaines
La BMW Isetta se décline en différentes variantes, essentiellement autour de la cylindrée du moteur monocylindre. Les premières moutures adoptent un bloc d’environ 250 cm³ (dérivé des motos BMW R25), puis on voit apparaître des versions 300 cm³, plus adaptées aux reliefs ou aux attentes de clients souhaitant un minimum de relance. Avec une puissance oscillant entre 12 et 13 chevaux, la Isetta n’est pas vouée à l’autoroute : elle atteint généralement 80-90 km/h, voire 95 km/h en descente, mais sa vocation reste la ville et les trajets de proximité.
Le mode de transmission s’effectue via une boîte de vitesses à 4 rapports, parfois agrémentée d’une marche arrière (en option, selon les marchés), et une transmission par arbre ou par chaîne en sortie de boîte. Le châssis ultra-court et le centre de gravité bas lui confèrent une maniabilité étonnante, bien que la conduite requière un temps d’adaptation. La voiture oscille légèrement sur ses suspensions minimalistes. Sur route, les freinages doivent être anticipés, car les freins à tambour sur de si petites roues peuvent vite chauffer. Néanmoins, dans la circulation urbaine, elle s’en sort aisément, trouvant sa place dans la moindre place de parking, et se faufilant à travers des files de voitures plus imposantes.
Au fil des années, BMW introduit quelques améliorations : des feux plus visibles, un essuie-glace électrique, un meilleur éclairage intérieur ou un aménagement légèrement plus cossu. Mais la philosophie générale demeure inchangée : conserver la légèreté, limiter la consommation, et proposer un prix accessible. La robustesse du moteur monocylindre BMW fait mouche, et nombre d’Isetta parcourent des milliers de kilomètres avant de nécessiter une révision majeure. Le ratio poids/puissance reste modeste, mais suffisant pour l’usage qu’on en fait : un petit déplacement en ville, une sortie au marché, un trajet domicile-travail sur routes secondaires.

Un Véhicule de Secours Financier pour BMW et un Symbole Populaire
L’impact de la BMW Isetta sur l’histoire de la marque est considérable : sans ce microcar au début des années 1950, BMW aurait peut-être été contraint à la liquidation ou à la fusion sous l’égide d’un concurrent. Les revenus générés par l’Isetta, additionnés à ceux des motos, permettent de maintenir un semblant d’équilibre financier, en attendant la mise au point de nouvelles berlines moyennes et supérieures. On estime que plus de 160 000 Isetta ont été produites entre 1955 et 1962, un chiffre impressionnant pour une voiture si atypique.
Dans la conscience collective, l’Isetta incarne aussi l’optimisme de l’Allemagne (et de l’Europe) en pleine reconstruction économique. Elle symbolise la liberté retrouvée, l’essor d’une classe modeste qui accède enfin à l’automobile, même si le véhicule reste rudimentaire. Des anecdotes abondent, montrant des familles entières entassées dans une Isetta, des petits commerçants l’utilisant pour livrer des colis, ou des étudiants intrépides partant en voyage à travers le continent. Autant d’histoires qui forgent son image sympathique et sa popularité, y compris au-delà du territoire allemand.
Malgré l’arrivée de la NSU Prinz, de la VW Beetle ou de la Fiat 500, la Isetta trouve sa niche : elle est plus petite, plus distinctive, et revendique sa différence par un style en forme d’œuf et une porte frontale unique. Lorsque la production cesse au début des années 1960, la Isetta laisse place à des modèles BMW plus élaborés, comme la 700 ou la 1500. Mais son héritage se poursuit : elle est régulièrement mise en avant dans les musées consacrés à la microcar, dans les rassemblements de véhicules anciens, ou dans des expositions temporaires soulignant l’ingéniosité d’après-guerre. De nos jours, on la croise encore dans certaines villes, parfois transformée en véhicule promotionnel ou en objet marketing. D’autres exemplaires, restaurés scrupuleusement, trônent dans des collections privées, entre des sportives prestigieuses et des berlines historiques. La Isetta n’a rien à leur envier en matière d’intérêt historique et d’originalité.
FAQ : 20 Questions Fréquemment Posées sur la BMW Isetta
Voici une liste de 20 questions (et leurs réponses) souvent posées à propos de la BMW Isetta, reflétant la curiosité qu’elle suscite auprès du public.
| Question | Réponse |
|---|---|
| 1. Quand la Isetta a-t-elle été produite sous l’ère BMW ? | De 1955 à 1962, BMW l’a produite en Allemagne, après l’acquisition de la licence auprès de la firme italienne Iso. |
| 2. Combien d’exemplaires ont été fabriqués ? | Environ 160 000 exemplaires, tous modèles confondus, ce qui est un très beau succès pour une microcar si atypique. |
| 3. Qui est l’inventeur initial de la Isetta ? | Elle a été créée à l’origine par l’entreprise italienne Iso Rivolta, sous le nom Iso Isetta, avant d’être rachetée par BMW. |
| 4. Quel type de moteur l’équipe ? | Un monocylindre 4 temps emprunté aux motos BMW, d’une cylindrée variant de 250 à 300 cm³ et d’environ 12-13 chevaux. |
| 5. Quelle est sa vitesse maximale ? | Selon les versions, entre 80 et 95 km/h. Ce n’est clairement pas une voiture destinée à l’autoroute. |
| 6. Pourquoi la porte est-elle placée à l’avant ? | C’est le concept d’origine, offrant un accès direct dans l’habitacle. Cette singularité est restée pour faciliter la construction et économiser de l’espace. |
| 7. Combien de passagers peut-elle accueillir ? | Principalement 2 passagers adultes, côte à côte. L’espace derrière la banquette est très limité pour des bagages. |
| 8. La Isetta a-t-elle sauvé BMW de la faillite ? | En grande partie, oui. Les profits dégagés par ses ventes ont aidé BMW à tenir financièrement jusqu’au lancement de la “Neue Klasse”. |
| 9. Quel est le poids moyen d’une Isetta ? | Entre 350 et 370 kg, selon les versions et la cylindrée. Très léger, favorisant la faible consommation. |
| 10. La Isetta possède-t-elle une marche arrière ? | Sur certains modèles, oui, c’était en option ou selon les marchés. Sur d’autres, elle n’existait pas, imposant de pousser la voiture à la main. |
| 11. Pourquoi la Isetta est parfois appelée “voiture-bulle” ? | En raison de sa forme sphérique et de ses surfaces vitrées bombées, rappelant une bulle. Cela souligne aussi son côté minimaliste. |
| 12. A-t-elle été exportée massivement ? | Oui, BMW a tenté de la vendre dans plusieurs pays européens, et parfois aux États-Unis, bien qu’elle fût moins adaptée aux longues routes américaines. |
| 13. Quelle est la consommation de carburant ? | Environ 4 L/100 km, voire moins en conduite paisible, l’un de ses atouts majeurs. |
| 14. Est-ce un modèle recherché par les collectionneurs ? | Oui, les BMW Isetta en bon état se vendent à des prix élevés, en particulier les versions plus rares ou bien restaurées. |
| 15. Quelles différences par rapport à l’Isetta italienne d’origine ? | BMW a modifié le moteur (adoption d’un monocylindre BMW), renforcé la structure et parfois retouché la carrosserie pour la fiabiliser. |
| 16. Le volant est-il fixé à la porte ? | Oui, le volant bascule en même temps que la porte avant, ce qui facilite l’accès à l’habitacle exigu. |
| 17. Comment la Isetta se comporte-t-elle en virage ? | Elle est assez stable à basse vitesse, mais son empattement court requiert de la prudence si on force un peu trop en courbe. |
| 18. La Isetta dispose-t-elle de plusieurs coloris ? | Oui, BMW a proposé diverses couleurs (bleu, rouge, blanc, vert), souvent en teintes pastel, la rendant encore plus sympathique. |
| 19. Une version “4 places” a-t-elle existé ? | Pas chez BMW. Iso avait expérimenté des variantes plus grandes (Iso Autocarro), mais chez BMW, la Isetta est restée biplace. |
| 20. Pourquoi la Isetta est-elle importante pour BMW ? | Elle a aidé la marque à survivre financièrement dans les années 1950, préparant le terrain pour le renouveau de BMW et son essor ultérieur. |
Une Microcar Inoubliable Qui a Marqué l’Histoire de BMW
La BMW Isetta occupe une place à part dans le monde de l’automobile. Par son apparence atypique, son accès frontal et son format ultra-compact, elle a su se faire remarquer dès sa sortie. Pourtant, elle n’était pas le fruit d’un pur développement interne de BMW, puisqu’elle reprend un concept italien. C’est précisément cette alliance entre le pragmatisme germanique et l’inventivité transalpine qui donne naissance à une microcar pleine de caractère. Au-delà de son esthétique qui suscite souvent un sourire ou un étonnement, la Isetta répondait à des besoins réels d’une époque en reconstruction, où le pouvoir d’achat et l’espace urbain manquaient cruellement.
Sa fiabilité, aidée par un moteur monocylindre issu de la gamme moto BMW, a rassuré de nombreux clients qui hésitaient à franchir le pas d’une voiture si différente. La facilité d’entretien, la consommation réduite et le coût abordable en faisaient une option alléchante pour les ménages modestes ou les jeunes actifs. Elle s’est imposée dans les rues d’Europe, devenant un petit phénomène social, puisqu’elle permettait de rouler abrité, à deux, sans les contraintes d’une berline imposante. Les publicités de l’époque vantaient une liberté de mouvement, un rayon de braquage minimal et une silhouette joviale, capable de donner le sourire aux passants.
Les raisons de son succès ne tiennent pas seulement à son originalité : la Isetta a su concrétiser l’idée d’une micro-mobilité urbaine à un moment charnière de l’histoire allemande. Elle a permis à BMW de renflouer ses caisses et de franchir un cap crucial, évitant la disparition pure et simple de la marque. Cette parenthèse, d’environ une décennie, a toutefois laissé une empreinte indélébile. Aujourd’hui, la Isetta est considérée comme un monument de la culture microcar, exposée dans les musées, célébrée lors de rassemblements de passionnés, et prisée dans les ventes aux enchères. Chaque exemplaire restauré attire la curiosité, tant ce modèle incarne un rare mélange de simplicité, d’efficacité et d’excentricité.
La BMW Isetta prouve qu’une voiture ne doit pas forcément miser sur la puissance pour marquer son époque. Sa portée historique et son charme unique suffisent à en faire une légende, qui demeure vivante dans le cœur de ceux qui croient à la force des idées audacieuses et au plaisir d’une mobilité urbaine conviviale.
Par Antonio Sanchez, pour Cravate Avenue.com
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