Des bijoux pour les hommes
On a longtemps pensé que les bijoux ( la « quincaillerie » comme certains hommes ont tendance à appeler les petites folies de leurs bien aimées), étaient donc réservés à la gent féminine. C’est oublié bien vite que ces messieurs portent les colifichets depuis que le monde est monde (ou presque) et que, si Cromagnon aimait sans doute porter en collier les différents restes osseux de ses trophées de chasse, sur tous les continents, dans toutes les ethnies, les garçons ont pu arborer parures de guerre, de parade, de mariage, de cérémonie. Regardez les guerriers masaïs et leurs fabuleuses parures de perles ou les tibétains avec leurs bracelets et leurs colliers en pierres fines ou en bois.
L’histoire regorge d’exemples multiples de cet amour inconditionnel entre les hommes et leurs insignes.
Des bijoux de toutes sortes :
Tout comme chez les femmes, on trouve dans la gamme de bijoux masculins portés dans l’histoire, des colliers, des bagues, des chaînes, des boucles d’oreilles. On se souvient des empereurs romains fiers de leurs bagues et fibules, d’Henri III de France, arborant avec majesté une magnifique perle à l’oreille sur toutes ses représentations, ou de Louis XIV et ses joyaux portés en broche, boutons de manchette ou de vestes, etc. Pendant des siècles et même des millénaires jusqu’au milieu du 19ème, on a fait les beaux ! Ensuite, l’arrivée de la bourgeoisie semble avoir mis un frein à cette frénésie représentative, pour installer un masculin plus discret, d’une élégance sans ostentation ni prétention.
Les bagues, cannes et chevalières, objets solennels :
La bague est le bijou de base pour afficher un statut. Comme l’alliance en or symbolisant le mariage, les ecclésiastiques ont toujours porté des anneaux de plus ou moins grande importance en fonction de leur rang, et ce visiblement depuis l’Antiquité. De nos jours, les évêques portent ainsi toujours des améthystes (robe violette), les cardinaux, un saphir sur leur anneau cardinalice et le pape l’anneau sacré dit « anneau du pêcheur » en référence à Saint Pierre, pêcheur avant de suivre le Christ. Le doge de Venise, recevait une bague en or qu’il jetait à la mer lorsqu’il entrait en fonction, tout comme, plus récemment, les universités américaines délivrant des chevalières à leurs plus vaillants étudiants en signe de cohésion et d’appartenance à un groupe de loyauté de camarades.
Au 19ème, le raffinement ultime est de ne plus afficher de bijoux, mis à part une canne richement parée et une chevalière gravée de ses armoiries. C’est ainsi que les dandys comme Oscar Wild, les écrivains célèbres comme Huysmans ou Balzac et tous les happy few de l’époque montrent leur élégance.
Plus de bagues tortueuses, de pierres ostentatoires et de parements inutiles, le must est au minimum, qui deviendra encore plus drastique au 20ème siècle, avec simplement l’emploi de belles montres ou d’anneaux simplissimes.
Parmi les apparats portés par les hommes dans l’histoire, on peut relever le caractère très négatif de certains attributs aujourd’hui très en vogue, comme les piercing. Au cours du Moyen-Age, percer ainsi son corps était un signe de dégradation sociale et morale. A l’oreille, l’anneau est aussi un signe de ralliement à un groupe, comme les grognards de Napoléon au 19ème ou les Compagnons du Devoir, arborant souvent un pendentif représentant leur corps de métier sur l’anneau auriculaire. Les marins aussi portaient l’anneau d’or, soi-disant pour payer leurs obsèques s’ils venaient à disparaître loin de chez eux.
Apparat et pouvoir :
Grâce aux bijoux, on peut aussi afficher son autorité, son importance, son pouvoir. C’était ainsi le cas des maharadjas indiens, connus pour afficher des kilos de joyaux aux valeurs incommensurables, en colliers, boucles d’oreilles, aigrettes et autres sublimes pièces, qu’ils demandèrent aux plus prestigieux joailliers européens d’élaborer avec les trésors de gemmes qu’il possédait, dès le milieu du 19ème siècle. Certains faiseurs connus de la place Vendôme ont ainsi reçu des coffres entiers de perles et de pierres précieuses incroyables afin de créer de parures non moins fantastiques.
Une façon pour ces hommes, dont les pouvoirs réels avaient été considérablement affaiblis par la colonisation, de garder dignité et prestige en société. On se souvient aussi de notre Roi Soleil recevant une délégation de Perse avec un gilet entièrement rebrodé de boutons de diamants pour en mettre …plein la vue aux attachés d’ambassade !
Des bijoux controversistes :
De Keith Richards à Johnny Depp, des Hell’s Angels aux punks londoniens, les bijoux peuvent aussi devenir des signes extérieurs de révolte envers certaines caractéristiques de notre société. Etre subversif peut se montrer en arborant des têtes de mort en bagues, des épingles à nourrice sur les oreilles, des anneaux dans le nez ou des croix gothiques au cou. Comme les tatouages à une certaine époque, les bijoux peuvent appeler à une rébellion en douceur ou afficher des idées particulièrement en marge.
En l’honneur de :
C’est aussi souvent en récompense à des services rendus, des exploits guerriers, sportifs ou diplomatiques que les bijoux trouvent leur signification. Dans l’Antiquité à nouveau, les poètes grecs et les athlètes victorieux se trouvaient gratifiés d’une couronne de feuilles de laurier en or (symbole du Dieu Apollon), la fameuse Bacca Laurea (à l’origine de notre Baccalauréat national). Le fameux Ordre de la Toison d’Or, créé au 15ème siècle par Philippe Le Bon, a comme insigne un collier représentant alternativement des pierres à feu et des fusils, et un imposant pendentif en corps de bélier. Celui de Saint-Pierre créé ensuite par Louis XI, représente, quant à lui, des coquilles Saint-Jacques et en médaillon, l’archange terrassant le dragon.
Aux premières loges de l’histoire :
Certains bijoux masculins sont de véritables miroirs d’une époque, à la fois revendicateurs et signes de ralliement de certains groupes politiques ou de pensée, ils nous ont laissé des traces inestimables de certains contextes historiques et nous racontent encore à leur manière, leurs témoignages poignants.
Au moment de la Révolution Française, les anneaux aux fleurs de lys ont ainsi proliféré, tout comme ceux représentant les 3 martyrs de la liberté (Marat, Danton et Lepeletier de Saint-Fargeau). Des bagues « mystères » nous sont aussi parvenues, délivrant leurs messages uniquement aux initiés, comme cette pièce commémorative représentant un tombeau dans laquelle on pouvait trouver quelques cheveux de Louis XVI après avoir actionné un mécanisme, ou des broches recélant des messages politiques comme « Vive Henri V » dissimulé derrière un rang de perles…
Comment choisir ses bijoux ?
C’est vrai que malgré toutes ces bonnes raisons d’en porter, on peut encore avoir certaines réticences, mais sans devenir un Lagerfeld bis avec une bague à chaque phalange, pourquoi ne pas passer outre les connotations du style « trop féminin », « show off », « peut faire vulgaire », pour essayer, juste une fois !
Et pour commencer, les bracelets sont certainement les meilleurs des accessoires ! Peu clivants, ils offrent un choix incroyable et peuvent en plus se dissimuler facilement sous une manche de chemise ou de veste. On aime les bracelets tissés, en corde, les accumulations de couleurs, dans des tons de saison, et à un seul bras svp (de préférence pas celui de la montre !).
Les boutons de manchette
Ils vous permettent de briller discrètement, d’être original sans jouer le too-much et surtout, ils sont le petit détail qui fait souvent la différence sur une tenue assez classique.
Les montres
Elles peuvent s’apparenter à des bijoux, tant elles ont d’importance dans les finitions d’une allure. En mode sport ou raffiné, de couleurs sobres ou en colorama pour des weekend ou des vacances solaires, elles ont une vraie légitimité dans le monde du bel objet, et certaines sont de véritables œuvres d’art.
Les boutonnières
Très en vogue en ce moment elles redonnent du peps à tous les hauts un peu trop basiques ! Sur des vestes en version décontractée ou pour des événements plus sélects, elles font un retour façon néo-dandy ou casual-chic, tip-top pour l’été !
Présents aussi depuis quelques saisons sur tous les podiums de mode, les pinces et anneaux à cravates et les épingles de col ont redoré leur blason en proposant des très nombreuses versions afin de plaire à tous les publics. Elles sauront upgrader vos cravates unies et « chiquiser » les moindres rayures.