Tous les accessoires masculins que les femmes adorent!
Pour faire partie des inconditionnelles de « l’accessoirisation », avouons que j’ai beau jeu de prôner l’idée du féminin-masculin sans complexe. Car, aussi saugrenue que soit parfois la sémantique de la langue française, rien de moins accessoire en mode…qu’un accessoire, et ce dans les deux disciplines. Il finit, parfait, redessine ou même établit un style à lui seul, il est le déterminant d’une allure et parfois même son point de départ, bref, il est incontournable.
Alors bien sûr, on pourrait nous taxer, nous les femmes, insatiables consommatrices de tendances, de vouloir sans cesse élargir notre champ de prospection stylistique, au point de nous en prendre aux basiques masculins sans vergogne et de les détourner impunément, de régner déjà de manière incontestée sur la planète Mode à grand renfort de marques, magazines, top models et créateurs exclusivement dédiés à notre apparence et de vampiriser tout un tas de bastions mâle, et c’est un peu vrai.
Quand on commence et que cela fonctionne, comment et pourquoi s’arrêter ? Les hommes ont une garde-robe moins diversifiée que la nôtre, certes, mais jouent avec les accessoires et les partagent même depuis la nuit des temps avec leurs compagnes, et ça, forcément ça nous inspire ! Pour relativiser, rien de tel qu’un petit retour en arrière sur les échanges et partages fashion de nos ancêtres :
Un peu d'histoire et d'accessoires
Sans remonter aux très sommaires mais néanmoins intéressants bijoux dont se paraient nos aïeux néandertals et cromagnons, déjà, pharaons et notables égyptiens rivalisaient de ceintures et parures sensiblement aussi sophistiquées que celles de leurs épouses.
Les grecques de l’Antiquité nouaient leurs « chitons » (pièces de tissus portées en tuniques) grâce à de belles broches unisexes (fibules romaines), portaient les mêmes sandales de cuir ornées ou non de pierres précieuses selon leur rang social et partageaient également chapeaux et bandeaux. Usages largement repris par la Rome antique, agrémentés de nombreux bijoux d’inspiration étrusques.
Au Moyen-Age, les prémices de « phénomènes de mode » tels qu’on pourrait les analyser aujourd’hui voient le jour, avec une quasi-révolution vestimentaire aux XIIIème et XIVème siècle, initiant le concept de perfection de l’apparence extérieure et cloisonnant un peu les styles, même si certains accessoires masculins et pas vraiment des plus délicats comme la fameuse cotte de maille, furent parfois déclinés au féminin.
La Renaissance multiplie les mélanges : bijoux, fraises (cols plissés), toques de fourrure ou de brocards, mouchoirs de soie ou de lin considérés comme de vrais attributs luxueux, sont de tous bords. L’essentiel est la différenciation par la qualité des matières et des coupes plutôt que celles des genres.
Les XVIIème et XVIIIème siècles amorcent le retour en force des accessoires et ornements féminins. Jusqu’alors réservés aux hommes, ils vont paradoxalement de pair avec une émancipation du costume féminin, en quête de plus de confort et de simplicité.
Perruques et postiches fleurissent. Les bas de soie, pièces de dentelles, rubans ou boutons recouverts de tissu font partie des deux vestiaires, les couples deviennent plus « uniformes », aiment à se ressembler et jouent de leurs similitudes même les plus fantasques avec les fameux « Incroyables et Merveilleuses » post Terreur.
Au fil des années et tandis que la mode féminine reste une spécialité française, l’élégance masculine elle, s’inspire de plus en plus des britanniques, et préfère les accessoires venant d’Italie, dont les sacs, gants et chaussures de cuir sont déjà très en vogue. Les tenues Empire jouent l’évanescence et la délicatesse des belles antiques, on aime la transparence et on adule le corps féminin mais on se complait aussi à imiter les soldats napoléoniens, en leur empruntant leurs vestes style « spencer ». Peu de mixité durant cette période particulière durant laquelle l’étiquette devient très lourde et qui redonne à la femme une place beaucoup plus glamour pour ne pas dire un peu désuète.
Encore quelques périodes de franches dissociations, des années 1820 à 1880 avec de très nombreuses évolutions des silhouettes féminines et masculines, mais peu d’éléments communs. L’homme porte désormais des pantalons, hauts-de-forme et nœuds papillon, la femme est revenue à des lignes plus proches du corps, inspirées elles aussi des tenues anglaises. Elle porte des gants à toute occasion, et les bijoux ont repris une place de choix dans ses objets de désir. Premier accessoire à réunir à nouveau les deux styles : la montre. En gousset, sur le manche des parapluies et ombrelles ou sur des bracelets, elle est l’accessoire phare de la décennie, incontournable et décliné à l’infini. L’arrivée du vélo à la toute fin du siècle, préfigure elle-aussi de nouvelles tenues beaucoup plus masculines. Pratiques et androgynes, les jambières et culottes courtes sont les futurs tailleurs et les premières conductrices de vélocipèdes voient s’ouvrir devant elles de nombreux horizons…casquettes, gilets, chaussures derbies, les balbutiements du masculin-féminin contemporain.
Début du 20ème siècle, gants, bottines de cuir à boutons, parapluies et cannes précieuses sont les nouvelles it-things. Les journaux de mode se vulgarisent et les tenues des classes inférieures s’inspirent de plus en plus de celles de la haute société, privilégiant les matières plus nobles. La révolution industrielle a apporté son lot de nouveautés, les nouveaux moyens de transport aussi. Les années 20, 30 et 40 voient de nombreuses évolutions, parfois dues aux privations des périodes de guerre ou, au contraire à celles de plénitude des années folles. Les pantalons féminins se portent avec des ceintures, des chemises, cravates du vestiaire masculin. Jusqu’au retour à la vraie féminité « New Look » de Dior, les accessoires ont entamé leur universalisation.
C’est à Saint Laurent, Paco Rabanne, Pierre Cardin ou Courrèges que l’on doit le retour à des coupes géométriques effaçant les formes, les sous-pulls mixtes et les coiffures courtes, fortement inspirées des années 20 et pérennisant une nouvelle mode, plurielle et décomplexée.
L’accessoire masculin détourné au féminin est une source d’imagination constante.
Le Mocassin
Un des premiers souvenirs qui vient souvent à l’esprit de nombreuses d’entre nous : celui du fameux mocassin. Car oui, le mocassin est un item plutôt masculin (après avoir chaussé les amérindiens pendant des siècles), et le Loafer, Penny Loafer (sans pampilles), la Minnetonka un peu plus roots, ou même le sleeper (hybride mocassin-pantoufle fort confortable !) sont devenus les emblèmes d’un chic BCBG décontracté tendance WASP très identifiable. Qui n’a pas porté une fois dans sa vie une paire de Sebago, Tod’s ou assimilés ? Pour nous les filles, il reste un très bon essentiel, et de Gucci à Michael Kors, il est encore de mise pour ce printemps-été 2014.
La Cravate
Pas de doute sur l’effet « cravate sur corps de déesse », nous en avons montré les divins avantages tout au long de notre dernier reportage. N’hésitez pas à le consulter ou à y revenir pour vous imprégner des vertus élémentaires de cet accessoire « mâle » par excellence, mais tellement séduisant sur une femme.
Les boutons de manchette
Boutons de manchette Christopher Simpson, Etoiles.
La chemise Oxford
Un complément idéal de la cravate, mais qui, porté seul sur une belle chemise type Oxford, est au chic parisien, ce que le nœud papillon est au dandy anglais, le bouton de manchettes est LE détail. Un des seuls apparats que les hommes aient toujours porté depuis les Temps Moderne, est aussi tombé dans notre escarcelle, contrairement à l’affirmation de Karl Lagerfeld qui les citait il n’y a pas si longtemps comme l’une des « rares choses que les femmes aient laissé aux hommes en matière de bijoux ». En l’espèce, il existe une multitude de déclinaisons de ce petit objet délicieux et les grandes maisons comme Hermès ou Arthus Bertrand ont vite compris l’engouement qu’ils pouvaient aussi solliciter auprès de leurs clientes, reprenant les items vedettes de leurs maisons, comme la chaîne d’ancre ou les papillons.
On préfère les modèles discrets, la sophistication légère mais assumée d’une Catherine Deneuve en chemise blanche surpasse tout.
Le noeud papillon
Voir tous les noeuds papillon sur Cravate Avenue
Moins évident, en tout cas forcément plus anecdotique, le port du nœud papillon peut s’avérer assez périlleux pour une femme. Là-aussi, mieux vaut-il jouer la simplicité d’un modèle uni et dans le cadre d’un événement smart, l’associer à un smoking très Saint- Laurent, pour un effet « beauté glacée ». Pour le quotidien, je vous suggère l’abstinence sur les classiques, des modèles lavallières plus trendy ou une bonne dose de décalé pour épater la galerie, mais tous les physiques ne peuvent pas se le permettre !
Les Bretelles
Un brin décalé aussi, mais leur côté désuet a aussi beaucoup de charme, les bretelles se portent façon salopette, american farmer, décontractées sur un pantalon style cargo un peu large, plus smart sur un pantalon de costume sombre et pourquoi pas un débardeur Petit Bateau blanc avec cravate nouée désinvolte. Le style gavroche- chic supporte assez mal les formes généreuses et les bretelles sont évidemment les meilleures amies des petites poitrines. On évite donc ce genre d’accessoires au-dessus du 85 B et, on ne s’inflige évidemment pas la double peine « ceinture + bretelles » Improbable !
Les Montres
Voir la gamme de montres Kennett
Chouchou assez récent de la mode féminine, la montre d’homme est plus qu’un gros bijou sur un poignet trop frêle. Elle est même assez sexy lorsqu’elle correspond aux codes fashion actuels : cadran rond de préférence, maille acier ou or en évitant les énormes chronos. L’élégance étant toujours de mise, elle se porte légèrement flottante, posée sur le poignet mais pas figée. On préfère les cadrans de couleurs sobres et on évite d’assombrir ce si joli tableau de bijoux trop voyants.
Les Sacs
Voir la gamme de Besaces Vagabond.
Autres accessoires récemment détournés : la mallette ou sacoche de travail et la besace. On le sait, le sac à main est « le prolongement naturel du bras d’une femme » et représente, avec les chaussures, l’essentiel d’une allure travaillée. Avec l’incroyable succès des it-bags, aussitôt achetés, aussitôt détrônés par d’autres, les formes ont elles-aussi du évoluer, et pour sortir des sentiers battus, les créateurs ont du exiler leur inspiration vers des univers beaucoup plus concrets. Coïncidant avec la libération des femmes, leur investissement dans la vie professionnelle et le retour du look androgyne, nous avons donc vu arriver il y a quelques années, les premiers sacs directement inspirés des métiers masculins.
Précurseur : le « Doctor Bag » de Dior, reprenant évidemment les formes reconnaissables des anciennes sacoches de médecins et réinterprété à l’infini par toutes les marques leaders. La besace de chasse, plutôt sommaire, est devenue avec le sac « Evelyne » l’un des best sellers de la maison Hermès, et dans une gamme un peu moins luxueuse, celle du pêcheur de la marque Upla se vend comme des petits pains depuis 1970. La sacoche un peu terne et rigide virevoltant au bras des hommes d’affaires pressés et le cartable des enseignants ont eux-aussi quitté leurs créneaux officiels pour devenir les stars des bureaux de style. La très londonienne Mulberry fait toujours le buzz avec son modèle classique « Bayswater » décliné dans les coloris de saison et chez Longchamp, on s’applique à proposer à la clientèle féminine, des sacs aussi pratiques au travail qu’en shopping, large donc, mais aux lignes fluides et élégantes.
Les Chapeaux
En pleine réhabilitation, les chapeaux ont fait un beau come-back. Les formes Panama et Borsalino habillent les jolies têtes des fashionistas des deux sexes et se multiplient dans nos rues les jours de pluie et de grand soleil. Une très bonne nouvelle pour les modistes et professionnels du secteur, un peu délaissés ces dernières années et qui seront de très bons conseils pour trouver le modèle de vos rêves sans sortir de leurs boutiques en ayant l’air déguisée !
Un petit état des lieux pour nous rappeler, s’il en était besoin, que l’univers masculin est une source d’inspiration intarissable pour la mode féminine…mais pas de quoi bousculer les esprits quand même ! Messieurs, si votre style nous va si bien, c’est surtout parce que très souvent, nous en sommes les initiatrices avisées. Ne foncez donc pas installer des cadenas sur tous vos placards et verrouiller vos penderies, nous fonctionnons aux coups de cœur et à l’envie et les enseignes de prêt-à-porter l’ont bien compris, elles rivalisent d’imagination pour composer de magnifiques adaptations de vos basiques, rien que pour nous. Soyez simplement compréhensifs quand vous nous découvrez lovées dans une de vos chemises : c’est un acte d’amour !
Marie Masuyer
Journaliste Mode pour Cravate Avenue
Tous les droits sont réservés - Copie interdite, partielle ou intégrale - Texte soumis aux droits d'auteurs, toute copie sera poursuivie devant les tribunaux.